À l'évidence, cet article n’a aucune vocation d’exhaustivité. Des grands écrivains et écrivaines, il en existe des milliers à travers les siècles et tous ont de quoi inspirer les auteurs en devenir par leur pratique, leur style, leur vie. J’avais à cœur de vous partager quelques enseignements que j’ai pu tirer d’écrivain/es que j’admire particulièrement et qui m’ont beaucoup apporté, chacun à leur manière, dans mon parcours d’auteur.
Trois auteurs, trois univers, un infini d'inspiration
1. Simone de Beauvoir : la beauté de la langue, l’art des dialogues intérieurs
À l’adolescence, j’ai dévoré les tomes de son autobiographie — à commencer par Mémoires d’une jeune fille rangée — et, plus récemment, j’ai apprécié toute la complexité de son œuvre Les Mandarins. Simone de Beauvoir m’inspire avant tout par les sujets dont elle traite, le raffinement et la justesse de son style ainsi que la profondeur apportée à chacun de ses récits par la solidité de la narration et le choix de ses mots. Elle excelle dans le modelage de dialogues intérieurs où l’on pénètre véritablement dans les pensées du personnage en question, qui prend alors toute sa substance. Enfin, j’admire la manière dont elle combine littérature, réflexion et débats intellectuels, notamment dans l’intégration de la politique au récit. Je m’en inspire au quotidien.
2. Emile Zola : celui qui m’a donné envie d’écrire
L’influence de Zola s’impose dans le façonnage de mes récits. Le réalisme et la dimension journalistique de ses romans me touchent, d’autant que de nombreux tomes des Rougon-Macquart ont pour décor la ville et Paris plus précisément. Ce n’est pas une coïncidence, je pense, si Les Pavés du pardon se déroulent en grande partie dans le quartier de Gare-du-Nord… Jeune adolescente, j’ai dévoré l'œuvre de Zola, relisant des dizaines de fois Au Bonheur des Dames ou encore Le Ventre de Paris.
Zola parvient à retranscrire le parfum d’une époque, sa force, ses contradictions et permet à la fiction de servir d’apprentissage de l’histoire, des mœurs, de l’âme humaine. Il nous montre comment manier le matériau humain, le révéler, le tordre, le sublimer pour en tirer de mémorables personnages aux parcours de vie parfois heureux, souvent dramatiques. Prisonniers de leurs situations sociales, de leurs lieux de naissance, de leurs désirs, les personnages de Zola expérimentent des notions de dépassement et de carcans sociaux que tout auteur en devenir devrait explorer.
3. Ernest Hemingway : la maîtrise des dialogues
Ce n’est que récemment qu’Hemingway s’est révélé à moi comme un maître dans l’art de façonner dialogues et situations de conflit. Les auteurs classiques sont connus mais, sauf à creuser, les raisons de leur célébrité et de la qualité de leurs œuvres peuvent facilement nous échapper. C’est en approfondissant certains de ses textes que sa dextérité en matière de dialogues m’est apparue, en plus du caractère brut, authentique, survolté de ses écrits. J’ai d’ailleurs dédié un article du blog à une technique d’écriture de dialogue, inspirée d’Hemingway. Les échanges entre les protagonistes de ses récits sonnent vrais par les non-dits que l’auteur a immiscés, les décalages de discours, les incompréhensions, les conflits latents où chacun entend l’autre sans écouter. Expérimentez en suivant ses pas !
Au-delà des traits spécifiques que j’ai pu évoquer pour chacun, je considère ces trois auteurs comme de “grands écrivain/es” car ils ont en commun de pouvoir captiver tout lecteur, bien au-delà de leur audience naturelle. Et c’est, je crois, ce à quoi tout auteur en devenir peut et doit aspirer.