Sujet épineux et débattu par tous les auteurs, en devenir comme confirmé. À l’instar des descriptions ou des scènes de sexe, les dialogues jouent le rôle de baromètre quant à la qualité d’un récit : ça passe ou ça casse.

Alors comment éviter le décrochage du lecteur face à des dialogues souvent trop longs, opaques, ou encore ennuyeux ? Comment les intégrer au reste du récit sans en faire de maladroites parenthèses ?

Je ne prétendrai jamais détenir les réponses définitives à ces questions car il n’en existe pas. Ce sont avant tout des réflexions, fruits de mes échanges avec de nombreux professionnels et de mes propres expérimentations.

Bonne lecture !

Un dialogue de fiction n’est pas une “vraie conversation”

Il s’agit de conserver les enjeux narratifs de base — faire avancer l’histoire, apprendre et divertir — tout en se concentrant sur l’interaction des personnages.

Contrairement à une idée reçue, les dialogues écrits ne doivent pas ressembler aux dialogues de la “vraie vie”.

Pour quelles raisons ? Calquer nos dialogues sur nos échanges réels reviendrait à intégrer tous nos tics de langage, les phrases de politesse et tous les mots que nous formulons sans qu’ils n’apportent vraiment de valeur à nos échanges.

Quelques exemples ?

  • “Allô ?” en début de conversation téléphonique
  • Bonjour, au revoir, ...
  • Merci, je vous en prie, non c’est moi,…

En retirant cette couche, on tire l’essentiel de l’échange et cela devrait être notre objectif pour rédiger des dialogues.

Qu'est-ce qu'un bon dialogue de roman ?

Nous y avons répondu en partie juste avant. Un bon dialogue est un dialogue fluide, — sans fioriture donc — qui ne fait pas “sortir” le lecteur du récit. Qui plus est, un dialogue écrit qui fonctionne permet souvent de répondre un objectif précis : soutenir le prédicat du livre tout en portant le prédicat du passage, du chapitre. C’est-à-dire ce qui fera avancer l’histoire et tiendra le lecteur en haleine, ce qui l’encouragera à tourner les pages.

Et pour ce faire, de nombreuses options existent : est-ce une révélation, une dispute, une rupture, une réconciliation, un échange qui permet d’analyser, de comprendre, de réfuter ? Par leurs paroles, les personnages peuvent se révéler au lecteur et montrer leur évolution au fil du récit.

Bien sûr, le reste relève de la subjectivité du lecteur, du style de l'auteur et de toute l'épaisseur de vécu qui se niche entre les pages. 

4 conseils pour améliorer vos dialogues

  1. définissez le rôle, l’objectif et le format du dialogue avant de l’écrire
  2. viser plutôt court que long, autant en longueur de phrase qu’en nombre de répliques
  3. réécrivez encore et encore
  4. tentez de vous passer de ce que j’appelle “verbes de soutien” : dit-elle, répondit-il, répliqua-t-elle, etc. Ils servent souvent à soutenir des répliques qui ne paraissent pas assez fortes par elles-mêmes.

Petit bonus, voici les premières chroniques littéraires sur mon roman Les pavés du pardon : retrouvez-les sur 20minutes.fr, le site de Sciences Po Paris ou encore le profil de monpetitbookan.

Un premier roman à l'écriture tout à fait maitrisée et au style élégant (...) "Les pavés du pardon" est un roman d'atmosphère. (...) L'avenir toujours en ligne de mire ou en point de fuite, pour ne pas prendre le risque de blesser le présent avec le passé. C'est dur, de traverser la vie en funambule, sur un pied et sur un fil. Mais c'est magnifiquement décrit par l'autrice. Vraiment. Vous le savez, j'affectionne les premiers romans, et particulièrement les premiers romans d'autrices. Celui-ci, en abordant avec justesse la complexité des liens à la famille et à la terre, et la nécessité du départ et (parfois) du retour, est encore un beau cadeau, une promesse sérieuse, avec déjà la hâte de suivre ce que Raphaëlle Béguinel nous proposera après.