NaNoWriMo, kézako ? Derrière cet étrange acronyme se cache le National Novel Writing Month (Mois National de l'Écriture de Roman), un événement lancé en 1999 aux Etats-Unis dont le principe est simple : écrire un roman de 50 000 mots sur le mois de novembre. J’y ai participé pour la première fois cette année, et voilà pourquoi je pense que chaque auteur en devenir devrait tenter l’expérience au moins une fois.
1/ Pas d’excuse pour ne pas écrire !
1666. C’est le nombre de mots qu’il faut écrire chaque jour de novembre pour atteindre l’objectif du NaNoWriMo. Pour ceux qui écrivent sur ordinateur, comme moi, cela fait environ deux pages et demi en interligne simple. Avant de me lancer dans l’aventure, j’essayais d’écrire mille mots par jour, mais je n’étais pas assez régulière. S’inscrire au NaNoWriMo, c’est s’engager à entrer quotidiennement un nombre de mots sur la plateforme (et rien d’autre, on ne dépose pas de texte), si on veut obtenir le badge “30 jours d’affilée”. Et je voulais ce badge.
Écrire tous les jours est une pratique incontournable, que l’on soit Stephen King ou un jeune auteur. Mais il peut être difficile de s’astreindre à une telle discipline, surtout si l’on n’a pas d’objectif défini d’écriture ou de deadline - et c’est presque toujours le cas quand on débute. Participer à un défi comme le NaNoWriMo permet de se fixer cet objectif. Et de voir qu’il est atteignable. Mieux, qu’on y prend du plaisir. Et qu’on pourrait peut-être le garder en décembre, ou l’année prochaine…
2/ Bye bye, éditeur intérieur
Écrire tous les jours, pourquoi pas, mais écrire quelque chose de bien tous les jours, ça se corse. Sauf que personne n’a dit que ce que vous écrivez dans le cadre du NaNoWriMo devait être bien - à part votre éditeur intérieur, qui veut que chacune de vos phrases soit parfaite. Vous le connaissez bien, c’est celui dont les meilleurs amis sont Monsieur “Angoisse De La Page Blanche” et Madame “Je Supprime Tout, C’est Nul De Toute Façon”.
Bonne nouvelle : votre éditeur intérieur n’est pas invité au NaNoWrimo. Pour une fois, on cherche la quantité, et pas la qualité. Vous aurez le temps de vous relire en décembre (ou jamais). En novembre, il faut avancer un mot après l’autre vers les 50 000. L’écrivaine et scénariste Nora Ephron disait “une page blanche ne peut pas être améliorée”. Il faut l’écrire d’abord.
Cette technique correspond à des conseils donnés dans le cadre de formations à l'écriture plus encadrées : écrire beaucoup dans un premier temps pour se mettre dans le bain, et prendre le temps d'une écriture plus soignée au moment de la relecture.
3/ Le défi, oui - la pression, non
Mettre son éditeur intérieur en pause ne s’applique pas que sur la feuille. L’objectif du NaNoWriMo est ambitieux et on peut vite se sentir dépassé. Être frustré si on n’arrive pas à suivre le rythme, ou si l’inspiration n’est pas au rendez-vous. C’est là qu’il faut se rappeler que si l’on ne juge pas ce que l’on écrit, il n’y a pas plus de raison de se juger soi-même. Les organisateurs et participants le rappellent régulièrement : même si vous n’écrivez que 500 mots par jour, ou que vous vous arrêtez après 10 000 mots, vous avez quand même réussi “votre” NaNoWriMo.
L’important, c’est de participer : cette devise convient parfaitement au NaNoWriMo, puisqu’il n’y a rien à gagner. À part le plaisir d’écrire.
4/ Et si écrire était une activité de groupe ?
À première vue, rien de plus solitaire que l’écriture. On s’isole pendant des heures dans des mondes imaginaires, des mondes que personne ne pourra comprendre tant qu’on n’aura pas fini ce sacré manuscrit. Et pourtant, le succès du NaNoWrimo repose aussi sur la force du groupe. Vous n’êtes pas seul à galérer à sortir vos mots, et ça fait du bien. Le site officiel permet de définir des “buddies”, en plus de divers groupes Facebook et serveurs Discord (une application de messagerie instantanée en ligne) organisés par régions géographiques.
J’ai rejoint les chats francophones, et discuter tous les jours avec d’autres participants m’a permis de me motiver les matins où l’envie d’écrire n’était pas au rendez-vous. Je recevais des conseils et des encouragements, j’en donnais aussi. Un cercle virtuel vertueux.
5/ Tester, tester, tester
Écrire le plus possible en trente minutes, tel est le principe des ‘word wars’. Intriguée par le concept (et sa promesse de fortement augmenter le nombre de mots journaliers), j’ai déclaré ma participation sur Discord. Et je suis devenue accro. Moi qui avait l’habitude de m’imposer de longues sessions pour écrire, j’ai découvert qu’une demie heure était déjà un très bon objectif. Et que prendre des pauses régulièrement n’était pas une mauvaise idée.
Sur les conseils d’autres nanoteurs, j’ai écrit certaines scènes dans le désordre, plutôt qu’en suivant le plan que je m’étais fixée. Des idées d’intrigues sont nées de sessions d’écriture automatique. J’ai écrit le matin (beaucoup) et le soir (un peu). Sans pression, j’ai expérimenté d’autres pratiques d’écriture.
Et ce roman, alors ?
Croyez-moi, vous ne voulez pas le lire en l’état. Il y a cinq versions différentes du début, une fin où des personnages non créés sont intitulés XX, des paragraphes qui s’arrêtent abruptement sur “J’AI FAIM”. Oh, et il manque tout le milieu. Donc j’ai “gagné” le NaNoWrimo avec quelques jours d’avance, mais l’aventure est loin d’être finie. Et c’est tant mieux.