Non, pour moi, la novella n’est pas « le format bâtard », très en vogue, employé par les « premières plumes ».

Il y a quelques années, avant d’être accueilli par deux éditeurs, j’envoyais de ce format à d’autres maisons et de toutes tailles, à raison de deux à trois fois par an. Un peu confus, d’abord, de proposer cette « chose » entre la nouvelle et le roman, j’ai réfléchi et compris que la novella était une arme de présence dans le circuit des comités de lecture. 

Même si ces derniers, devant ce geste, peuvent rester de marbre et indifférents à des envois fréquents, la novella permet moralement de signer son désir, sa ténacité et sa confiance. C’est la présence-fleuve. Il valait mieux, à mon sens, proposer plusieurs tapuscrits et ne pas s’écorcher au refus d’un « gros œuvre » de plus de 300 pages A4, tant de découragement en prime. Cela dit, rien ne sert d’écrire pour plaire et convenir.

Au fond, l’existence de la novella est sans rapport avec les éditeurs, à ceux devant qui il faudrait affirmer son courage.

Elle est, pour moi, le format idéal des inspirés.

Elle n’est pas le « ni-ni », ni la nouvelle élargie ni le roman bâclé. Elle ne représente pas non plus l’écrivain défaisant le principe de la nouvelle et échouant à voguer vers l’aventure du roman.

Avez-vous des inspirations profondes, nécessaires et multiples ? Vibrez-vous en moyenne une fois par mois pour un sujet qui vous semble juste et bien éprouvé, bien traversé ? Alors, plutôt que de faire du mal à cette « matière vivre » dans un trop long roman aux règles ardues, la novella est là pour vous servir. C’est le format des plumes très vivantes.  

La novella est sûrement le format de ceux qui ne tiennent pas à tout dire d’un bloc mais qui « sentent des dires » à travers des sujets variés. Elle a aussi pour moi la saveur du roman-poème ; une intrigue est toujours indispensable mais ici, elle peut être plus légère et donner de meilleurs accents aux rêves que l’on a dûment traversés.

Chemin faisant, ce format court permet de revoir et saisir le chemin de ses inspirations, de mûrir et continuer.

Bilan : Il ne faut jamais choisir un format par convenance, par hasard mais en fonction de son rythme intérieur.

La nouvelle, sûrement, aux regards précis, à ceux qui souhaitent frapper l’esprit par un récit serré et efficace.

Le roman pour ceux qui ont un thème très à cœur, qui auront la patience de le déployer.

La novella à ceux qui ont une recherche et la composent sous différents sujets d’écriture.

Faites vos choix !