Pourquoi rechercher avant d’écrire ?
Se plonger dans divers contenus et nourrir son esprit avant de saisir sa plume est, pour certains, une évidence ; pour d’autres c’est un chemin de croix avant de saisir l’utilité de la démarche et que le déclic ait lieu.
Lire, visionner, échanger avant d'écrire : poser les fondations de son récit
Mener des travaux préparatoires avant d’écrire permet de constituer un socle sur lequel construire son récit, à l’instar des fondations d’un édifice. Se plonger dans des archives pour un roman historique, consulter des articles de presse, s’assurer que l’on connaît assez le fonctionnement de la justice pour que ses personnages soient de convaincants avocats ou des accusés détestables ; la matière est infinie pour s’assurer de la crédibilité de son récit.
Aucun auteur n’échappe à l’impératif de crédibilité, il en va de la croyance en son récit, du lien entre auteur, oeuvre et lecteur ou spectateur. Qui acceptera de pénétrer un univers si de grossières incohérences dissipent la magie créée comme un miroir que l’on brise ? De petites inexactitudes accumulées peuvent avoir autant d’effet qu’une ou deux erreurs majeures.
Les recherches permettent de constituer un univers pour la scène que l’on s’apprête à écrire, à force de mots, d’images, de sons, de témoignages parfois. Que l’auteur s’immerge dans l’atmosphère à laquelle il souhaite exposer son lecteur et la fluidité de ses écrits s’imposera d’elle-même. C’est ce que permet un plan détaillé, des notes prises en amont : la page n’est déjà plus blanche avant même d’avoir tracé le premier mot.
Sortir de la page blanche : 4 conseils pour mener des recherches pour votre roman
Alors voici quelques recommandations pour mener des recherches préparatoires afin de nourrir un projet d’écriture :
- Effectuez des recherches approfondies sur les lieux, métiers, histoires de vie ou encore langages que vous comptez mobiliser pour votre récit. Puisez dans le réel et le vécu pour enrichir et structurer votre imaginaire, même si votre œuvre relève de la fantasy. Et internet n’est pas la seule source possible. Pensez aux bibliothèques, librairies, archives nationales, expositions, journaux, reportages, documentaires, films etc Tous les médiums !
- Échanger avec de vraies personnes si vous en avez la possibilité. Votre roman se situe en Italie ? Reprenez contact avec votre correspondant milanais et confrontez vos écrits avec sa connaissance de la langue, de la société, de la géographie italiennes. Votre nouvelle a un fleuriste pour héros ? Engagez la conversation avec la fleuriste du coin de la rue pour mieux saisir les profondeurs de son quotidien.
- Centralisez vos notes et trouvailles en un seul fichier en ligne, un seul carnet, un endroit à la fois simple à consulter et sécurisé (sauvegarder sur un disque dur aussi souvent que possible, les vols d’ordinateurs et pertes de données sont TRÈS fréquents...)
- Sachez quand vous arrêter. Il existe une première phase de recherches qui conditionne la formation du récit. A force de lectures et de visionnages, la narration, les thèmes, les enjeux émergent, au moins partiellement, et constituent alors un socle assez solide pour se lancer. Mais certains auteurs s’enfoncent dans des recherches sans fin et repoussent sans cesse le début de la phase d’écriture. Osez démarrer une première phase d’écriture, tout en menant des recherches complémentaires au gré de vos besoins, au fur et à mesure que vous avancez dans le récit. Les deux se conforteront — les notes pour la crédibilité et l’ancrage dans le réel, l’écrit pour la concrétisation de vos pensées et de votre imaginaire.
Concilier créativité et recherches : mon expérience d'auteure en devenir
J’étais une élève appliquée que les recherches préparatoires pour un devoir n’ont jamais gênées. C’est peut-être justement pour cette raison que j’ai tardé à concilier recherches préliminaires et écriture, pour me rendre compte que ce travail en amont ne nuirait pas à ma créativité, bien au contraire. Cela m’a pris du temps, beaucoup de temps et, seule, je l’aurais réalisé encore plus tard je pense. Une formation en écriture — celle de Brandon & Compagnie — a eu pour bénéfice de dissiper l’illusion d’une écriture de qualité, sans préparation, au profit de la pratique d’un processus de longue haleine, riche, fait de réflexion, de patience, de labeur. Et de recherches bien sûr.
Le déclic a été de trouver du plaisir dans ces recherches car, petit à petit, j’ai réalisé qu’elles nourrissent mon imaginaire. Ce travail préparatoire est la première étape du processus d’écriture et j’ai bien conscience aujourd’hui de son utilité : les scènes prennent vie à force de détails que je puise justement dans les notes prises au fil de mes lectures. C’est un processus continu qui renforcent ma conviction que ma vie quotidienne et ma vie d'auteure sont les deux faces d’une même page.